
Un procès historique aux conséquences potentiellement durables
Depuis fin 2023, Google est au cœur d’un procès antitrust initié par le Département de la Justice des États-Unis (DOJ). L’enjeu : déterminer si l’entreprise a abusé de sa position dominante dans le secteur de la recherche en ligne. En août 2024, la justice a reconnu que Google avait utilisé des accords exclusifs pour maintenir son monopole, notamment avec Apple pour rester le moteur de recherche par défaut sur Safari.
Mais une nouvelle étape s’annonce : le DOJ souhaite désormais imposer des sanctions structurelles qui pourraient profondément modifier le fonctionnement de Google Search.
Partage des signaux de classement : une mesure inédite
Parmi les propositions du DOJ, la plus controversée concerne l’obligation pour Google de partager ses signaux de classement avec ses concurrents. Ces signaux – aujourd’hui confidentiels – permettent de déterminer la position d’un site dans les résultats de recherche. Ils constituent le cœur de l’algorithme de Google.
L’objectif est clair : permettre aux autres moteurs de recherche d’accéder aux mêmes données pour garantir une concurrence loyale, en réduisant l’avantage technologique écrasant de Google.
Une opposition forte de la part de Google
Face à ces propositions, Google défend sa position. Pandu Nayak, responsable de la recherche chez Google, a alerté sur les risques d’un tel partage : perte de qualité des résultats, atteinte à la confidentialité des données, et affaiblissement de la sécurité. Pour lui, forcer l’ouverture de ces signaux reviendrait à exposer les mécanismes internes de Google à d’éventuels abus.
L’entreprise considère que ces obligations sont excessives et contre-productives, et annonce qu’elle contestera toute mesure de ce type.
Quels impacts pour le secteur numérique ?
Si ces mesures sont validées par la justice, elles pourraient créer un précédent mondial. D’autres géants de la tech, ou même des régulateurs européens, pourraient à leur tour revendiquer l’accès aux données clés des grandes plateformes.
Pour les professionnels du référencement naturel (SEO), cela soulèverait aussi de nombreuses questions :
- Les signaux partagés seront-ils exploitables ?
- Peut-on s’attendre à une évolution des pratiques SEO ?
- La transparence accrue va-t-elle uniformiser ou brouiller les résultats ?
La décision finale est attendue à l’été 2025. Quelle qu’elle soit, elle marquera sans doute un tournant majeur dans la gouvernance des plateformes numériques et dans la manière dont l’information circule sur le web.